Je ne suis que très peu convaincue par cet essai auto-fictionnel, bien que les premières pages avaient aiguisé ma curiosité. Il m’a vite laissé sur le bas-côté de la route… Contrairement à ce que suggère la quatrième de couverture, vous pouvez le lire, je vous rassure, il ne remettra pas en cause votre vision de la maternité.
L’idée était bonne, raconter la transformation de deux corps, celui de l’auteure enceinte et celui de son compagnon transgenre, et philosopher autour en convoquant Susan Sontag et Roland Barthès.
Il aurait pu être un roman positif et solaire, je l’ai trouvé rageux et décourageant. Paradoxale et tourmentée, l’auteure le truffe de débats féministes à l’heure où il faudrait juste rassembler. « Queer », elle pousse le lecteur à débattre sur l' »hétéronormalité » afin de remettre en cause le genre et l’identité. Il est indéniable que ce sont des sujets tabous et nécessaires, seulement je ne sais pas si c’était la meilleure façon de s’y prendre. Je ne sais pas non plus si je suis capable de juger ce roman, je vous livre simplement mon ressenti.
J’imagine que sa sortie aux Etats-Unis a été utile lorsque chez nous cet essai me parait désuet et stérile.
« Les argonautes » aurait pu tout aussi bien s’appeler #balancetesphraseschoc . Un petit «tu m’encules » Entre Winnicot et et Judith Butler, allez ça va passer crème et donner un air intello au bouquin. Ou cette punchline aussi, allez c’est cadeau je vous l’offre ( attention c’est fin, très fin ça se mange sans fin ) : « J’avais toujours présumé que donner naissance me ferait me sentir invincible et ample, comme le fist-fucking ». Niveau philosophie je vous avoue c’est un peu cliché mais je préfère Raphael Enthoven.
Attention à ce que je dis Maggie semble très susceptible. Maggie est une intellectuelle, Maggie n’a pas de leçon à recevoir, Maggie n’aime pas quand on parle du genre et pourtant elle est obsédée par cela. Les gens les plus réac me semblent souvent les plus intolérants. Car Maggie est comme tout le monde en fait : elle considérait les mères de haut, les nommait « les éleveuses » avant de découvrir les joies et la révolution intérieure qu’offre la maternité. J’ai donc pris son roman comme un mea culpa raté.
Le style n’est pas fluide, l’écriture pas terrible, les transitions mal faites… Heureusement il y a tous ces grands noms dans la marge , telle une thèse et sa bibliographie bien renseignée.
Un peu de tout donc dans cet essai très documenté que l’on dit « moderne » et « révolutionnaire »… à voir ce qu’il vous en restera à la fin de la lecture…
Je ne veux pas polémiquer, je suis décue, j’attends toujours de ce genre de roman qu’il fasse avancer les choses, et en fait il ne fait que dénoncer ou cliver. Dommage !
Les signe astrologique du roman
Vierge. Pourtant c’est un signe de terre très compatible avec le mien et que j’affectionne. Si je choisis ce signe, c’est par l’alternance incessante de paragraphes intellectuels et d’auto-fiction crue, qui se rapproche le plus de l’ambivalence « vierge folle/vierge sage » : la vierge paraît alors cet être léger et plaisant, alors qu’elle est constamment sous le contrôle et intellectualise tout, incapable parfois de ressentir, comme si sa rationalité la privait d’émotion, à l’inverse de son ombre, son signe zodiacal opposé : le poisson. Je qualifie souvent avec tendresse les personnes vierges de « publicité mensongère« : derrière les phrases chocs qu’elle utilise pour vous appâter, vous tomberez ensuite dans ses circonvolutions mentales et ainsi elle aura exercé son ensorcellement. Les personnes vierges ne sont pas vraiment ce qu’elles dégagent, mais pour autant ce qu’elles cachent est une longue réflexion. De longues conversations bourrées de parenthèses vous attendent…
On ne connaît jamais bien la vierge, c’est aussi l’impression que vous avez en refermant ce livre : vous n’avez pas vraiment compris où est-ce qu’il vous amenait. Il vous a vendu du rêve et vous vous êtes retrouvé empêtré de citations.
La vierge et le gémeaux partagent la même planète: Mercure. Planète de l’intellect. Si le gémeaux s’en sert pour tout synthétiser et résoudre les problèmes à la vitesse de l’éclair, la vierge va dénicher un problème où il n’y en avait à priori aucun. (Je ne sais pas moi-même ce qui est le mieux entre faire l’autruche ou déterrer des cadavres.)
Le côté positif du roman est son érudition et sa complexité : là aussi la vierge est cette personne acharnée au travail (trop souvent, on la compare à une fourmi qui ne saurait s’arrêter).
NB : Je n’ai pas trouvé la date de naissance de l’auteure mais je serais ravie de la connaître si quelqu’un l’a !
L’auteure
Maggie Nelson, née en 1973 à San Francisco, est une romancière, poète, essayiste, universitaire, américaine, qui traite, entre autres, des thèmes comme le féminisme, la violence sexuelle, l’identité sexuelle, le genre, la violence dans les média, l’histoire de l’art et la philosophie.
Ses œuvres les plus connues sont Bluets et The Argonauts.
BOn du coup … je ne tente pas !
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Merci de cet avis ! Je ne savais pas que tu étais du signe de la Vierge ! 🙂
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Non je suis taureau, je me disais compatible car c’est signe de terre aussi, avec capricorne!
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J’ai justement dû le lire pour les cours et, pour tout te dire, j’ai le même ressenti que toi… Cette lecture m’a un peu perdue et m’a vraiment laissée perplexe (malgré toutes ces belles références en notes de pages)…
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Ah cela me rassure je ne voyais que des critiques dithyrambiques. Tu as étudié ce livre en cours de quoi ?
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J’étudie la littérature et les études sur le genre, et donc j’ai dû le lire pour un cours d’anglais (je dois faire une présentation orale dessus, et pour le moment j’ai du mal à rassembler mes idées)
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Ah oui effectivement ! Ce qui est bien c’est qu’ils vous fassent étudier des romans hyper contemporains mais difficile d’avoir du recul dessus… courage 👍🏻
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Bon, je ne tenterai pas non plus…
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Je vous ai toutes démotivées !😂
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Lol, grave! Surtout que le titre me rappelle ma lecture du dernier David Vann qui m’a un peu déçue.
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Mouai en effet je ne suis pas sure que cela me plaise vraiment… Dommage comme tu dis, l’idée était bonne.
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Si tu l’as chez toi tu peux toujours tenter, certains l’ont vraiment encensé !
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Je ne l’ai pas, a part si on me le prête je ne pense pas l’acheter.
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Il convient sans doute mieux à un public américain.
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J’en suis certaine aussi !! Comme l’ecrit Olivia de Lamberterie dans sa chronique pour America Mag, imaginez que Trump tombe dessus..! Il en ferait certainement une maladie. Tu l’as lu toi?
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Merci pour cette chronique ! Cette lecture ne me tente vraiment pas, inutile d’en rajouter une couche à mes intellectualisations permanentes… je suis « Une Vierge qui se soigne » 😉😉😉
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On vient de me le recommander chaudement, du coup j’ai regardé sur le net, que des critiques dithyrambiques, d’aucuns parlent d’un livre poétique, et puis celle-ci, qui met en garde … bon, je vais me faire une idée par moi-même, mais peut-être vaut-il alors mieux que je prenne l’original, parfois un problème de traduction peut engendrer des appréciations très différentes … en revanche, juste une petite remarque si vous me permettez, Roland s’appelle Barthes, pas Barthès comme le journaliste 😉 bonne journée
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Hâte d’avoir votre retour, vous pouvez l’apprécier car il a ses qualités, pour ma part je ne me souviens que de l’avalanche de références alternés aux passages hot… ça manque clairement d’humilité et de fluidité à mon goût, mais chacun son truc !
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oui, je vais voir… selon ce que vous insinuez, je peux m’imaginer que c’est le côté revendicatif des féministes américaines avec ce qu’il peut parfois avoir d’agaçant que vous pointez …
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