La Chronique de la GROUPIE !
La groupie a lu le livre un mois avant sa sortie et l’a relu deux fois et demi les semaines qui ont suivi. La groupie a corné toutes les pages en haut et en bas. La groupie s’est ensuite rendue au musée d’Orsay exprès pour prendre le livre en photo car la moitié du roman s’y déroule. La groupie a préparé toutes ses questions sur un petit carnet et est remontée à Paris pour interviewer l’auteur le jour J de la sortie dudit livre c’est-à-dire aujourd’hui et ce malgré les menaces de grève. La groupie a pu étayer sa chronique dans le train du retour et l’a mise en ligne dans un état d’excitation maximale, pleine de cette hyper stimulation intellectuelle d’échanges passionnants. Oui la groupie est fière, la groupie c’est moi.
Mise en garde : Lecteurs, si vous espériez lire une quelconque ligne objective de ma part sur ce roman, attendez la prochaine chronique. Constatez par vous-mêmes ! UN: Le livre est un roman de DAVID dont DEUX : le titre contient le mot « beauté » , TROIS : publié chez Gallimard dans la collection blanche, et enfin QUATRE : reliant la littérature à l’Art! A quel moment pouviez-vous compter sur un avis impartial ?!
Le roman
Antoine Duris vient de postuler à Orsay, il désire être gardien de salle, veilleur de beauté. Cet éminent professeur aux Beaux-Arts de Lyon a décidé de changer de vie. Il a déménagé à Paris, résilié son abonnement EDF, éteint son portable. Aucun membre de sa famille ni connaissance ne pourra ni le joindre ni le trouver. Mathilde Mattel, la DRH en charge de l’entretien, trouve Antoine surqualifié mais intriguant, elle décide de l’embaucher.
Chaque jour, Antoine reste des heures à contempler le portrait de Jeanne Hébuterne, affichée durant l’expo temporaire sur Modigliani. La beauté se dégageant de la toile semble apaiser Antoine, mais de quoi ? Petit à petit Mathilde le fait parler : lui qui voulait se soustraire au monde dévoile dans la deuxième partie la triste histoire qui l’empêche d’avancer. Antoine a soudain besoin de Mathilde, il lui demande de prendre la route avec lui sur les traces de son passé.
« Ils s’échappèrent comme deux voleurs de beauté. »
Bien avant Orsay, Louise a quitté Antoine au bout de sept ans de relation. Sans excuse valable, sans autre homme dans son paysage. Juste parce qu’elle n’envisageait plus l’avenir à ses côtés. Y-a-t-il pire raison ? Sans colère possible, Antoine a du faire face à l’acceptation. C’était sans compter sur un événement traumatisant d’une autre envergure…
L’histoire d’Antoine glisse soudain vers celle de Camille, jeune fille brillante et mélancolique qui fut son élève, rencontrée peu après sa rupture. Pour elle aussi Art et Peinture ont joué un rôle essentiel dans son existence. Mais jusqu’à quel point ?
Vers la beauté livre une réflexion sur l’Art, l’Art-refuge, l’Art-médicament, l’Art-lieu de rencontre. l’Art est notre inutile nécessaire, une protection inconsciente, ce roman nous initie à l’essence salvatrice de la sublimation.
Mon avis
Un roman de David Foenkinos c’est avant tout un univers, un concept confortable et subtil, d’une humilité envoûtante. Ses fidèles retrouveront des détails appartenant à d’anciens romans (la ville de Crozon citée, le jus d’abricot) et les prendront comme une récompense à leur assiduité. Son écriture pudique et lumineuse, sans besoin d’artifices et de procédés de forçage, vous catapulte à la dernière page pour soudain vous faire éprouver la douleur aiguë de l’achèvement.
Cet opus est dans la lignée de la délicatesse, ou de nos séparations, des tranches de vie qui ressemblent aux nôtres et nous éclairent. Par son thème, il rejoint aussi le chef d’oeuvre Charlotte. Camille est un peu la renaissance de Charlotte, un drame dans la beauté.
Elle comprenait la puissance cicatrisante de la beauté. Face à un tableau, nous ne sommes pas jugés, l’échange est pur, l’oeuvre semble comprendre notre douleur et nous console par le silence, elle demeure dans une éternité fixe et rassurante, son seul but est de vous combler par les ondes du beau.
Le signe astrologique du roman
Cancer. Pour les personnages discrets, à la personnalité effacée, timide, recroquevillés sous une carapace et leurs secrets. Antoine et Camille, rendus vulnérables par la vie m’ont tour à tour évoqué ce signe lunaire et sensible. Signe d’eau le cancer est émotif, sentimental, nostalgique. Signe ambitieux cependant qui avance de côté à la manière du crabe, jamais frontalement, sait-on jamais ce que la vie est capable de réserver.
C’est un signe négatif dit « féminin », et le sujet de l’Art retrouvé à de nombreuses reprises fonctionne bien avec l’esprit de création et l’inconscient régis par la Lune, la planète maîtresse du signe.
Citations du roman
Son visage ressemblait à un roman dont on n’a pas envie de tourner les pages.
Les ruptures existent longtemps avant le matin où l’on se dit « c’est fini ».
Il semble tout à fait possible d’interpréter la personnalité de quelqu’un en observant simplement la relation qu’entretient cette personne avec ses cheveux.
Quelques questions à l’auteur
Bonjour David, bravo et merci pour ce nouvel opus. Comment s’est passée la rédaction du roman ?
Pas aussi facile que je l’aurais voulu, la première partie a été longue, j’ai pris plus de plaisir à la rédaction de la deuxième, la vie d’Antoine, sa rupture avec Louise. C’est ça qui m’intéresse je crois, ajouter des histoires dans le roman. Comme l’extrait sur l’étudiante, lorsqu’elle croise son ancien professeur : elle le couvre d’éloges et Antoine naïvement prend son admiration pour du désir, il ose alors une proposition déplacée et offusque son ancienne élève. J’aime écrire sur les situations ambiguës.
Les personnages découvrent le pouvoir cicatrisant de l’Art. L’Art permet-il de tout guérir ?
Je me suis construit sur cette idée oui, les livres à 16 ans m’ont permis de guérir d’un gros problème de santé. Aujourd’hui je dirais que l’Art est une possibilité.
Deux personnages différents au rôle peu reluisant portent le prénom de Sabine. Une vengeance personnelle ?
Non, même pas! J’avais juste l’envie de mettre des liens entre les parties du livre. Cela passait aussi par un prénom.
Louise quitte Antoine sans raison, au bout de sept ans, sans autre homme en vue. Ça existe vraiment des femmes comme elle ..?
Oui je pense… Pourquoi ce n’est pas crédible (Sourire) ? D’ailleurs elle ne le quitte pas sans raison, elle en a une excellente : elle ne se voit pas faire d’enfants avec lui. Oui je sais c’est terrible.
Faut-il lire ce roman pour l’histoire d’Antoine et Camille ou pour Jeanne Hébuterne?
J’ai volontairement coupé une bonne dizaine de pages sur la vie et l’oeuvre de l’épouse de Modigliani, je me devais d’aérer la narration. Je peux fournir la version longue si besoin.
J’imagine que la promo du roman est intense, quelles sont les dates prévues ?
J’ai déjà fait pas mal d’interviews et ça va continuer, mais pas de promo et déplacements dans toute la France cette fois-ci, j’ai beaucoup de travail et de projets, entre cinéma et écriture. Je dédicace cependant dans trois endroits à Paris prochainement :
– Dimanche 25 mars à 11H30, à la librairie Le divan.
– Vendredi 30 mars à 18h, chez Gibert Joseph.
– Mercredi 4 avril à 18h, à la Fnac Montparnasse.
Merci David Foenkinos d’avoir répondu à mes questions, et pour le jus d’abricot.

NB : pour ceux qui se demandaient, non Antoine Duris n’a pas de lien de parenté avec l’acteur.
Wahou ! J’adore cette chronique de groupie (et l’interview aussi : c’est top) ! Il faut vraiment que je lise son nouveau roman 🙂
PS: très belle photo, et avec LE jus d’abricot en plus !
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Merci !!!! Lecture et rencontre ont été des moments extatiques !
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La groupie s’est très bien débrouillée. En plus, elle cache un David sur la photo d’ouverture du blog. Pas mal. Bravo.
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Merci Mohammed !!! Oui mon blog s’apparente de plus en plus à l’album « Où est Charlie » mais avec David. À bientôt j’espère
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Qu’il a du être bon d’être une groupie aujourd’hui ! 😉
J’adore ta chronique ! ^^
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Mais tellement ! J’adore la vie 💃🏻✨
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j’aime me promener sur votre blog. un bel univers. Très intéressant et bien construit. Vous pouvez visiter mon blog naissant ( lien sur pseudo) à bientôt.
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Avec plaisir j’y vais de ce pas! Merci ❤️
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Au top l’interview, j’adore !
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Merci! J’ai lu ta chronique et ça me fait plaisir d’être raccord avec toi 😍
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très chouette chronique! et tes arguments sont très convaincants 😉
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😉 c’était pas difficile 😘
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Merci pour ce bien chouette partage Agathe ! 🙂
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Mais écoute avec plaisir ma chère Céline !! 😙🎩
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Je n’ai lu que Charlotte ( me prénommant ainsi mon oncle m’a offert le livre ) j’ai adoré un pur chef d’oeuvre si bien que je crois que j’ai peur de lire un autre livre de l’auteur de peur de ne pas retrouver cette magie…
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Aaaaaah hourra jai ton prénom enfin!! 😂👌🏼 Évidemment Charlotte est à part et est bouleversant. Cependant le registre et le style des autres livres sont tellement différents que tu ne compareras pas !
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Hihi ^^ Alors je suis ton engouement et je vais m’y plonger =)
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critique géniale!!! j’ai beaucoup aimé « Charlotte » (la peinture déjà) c’est d’ailleurs le seul roman de David que j’aie lu car je lui avais collé une étiquette eau de rose j’avoue.
donc celui-ci devrait me plaire 🙂
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Oui Charlotte quel chef d’œuvre. Je comprends l’étiquette mais c’est mal juger ses écrits, ça paraît léger mais ça ne l’est pas, c’est tout en nuance 😉
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c’est « charlotte » qui m’a donné envie de continuer
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Il me le faut, il me le faut !
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Oui oui oui !😂😉
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Tu m’as donné envie de le lire ! 😊
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