Le chardon, c’est cette fleur piquante qui pousse dans le thorax de Billie, cette jeune fille de 14 ans à la maladie mystérieuse. Alma, sa mère, en est persuadée, cette plante la dévore et l’empêche de vivre. Comment vivre avec cette plante qui vous étouffe de l’intérieur ?
Le sujet est très fort. Ce livre parle du lien émotionnel entre une mère et sa fille, du poids de l’inconscient qui se partage et se transmet, et de la culpabilité qui en découle.
« Confusément, Alma se sent responsable du mal de Billie. Elle se demande si la mélancolie infuse souterrainement et contamine ceux que l’on aime. Billie et elle sont si proches, depuis toujours. Billie sent tout, Billie sait tout, devine tout de sa mère. Elles se mélangent comme du lait dans de l’eau, formant un même nuage. »
Car Alma porte des valises imaginaires sur lesquelles sont écrites « Je ne fais plus l’amour », « Ma fille est hospitalisée ». Ces valises pèsent dans sa vie et chaque matin est un tigre, « qui rampe doucement, en attendant de vous sauter à la gorge ».
Chaque jour sa fille Billie est de plus en plus mal. Malgré l’hospitalisation, malgré les traitements, Billie dépérit à vue d’oeil, et au fond d’elle, Alma sait qu’elle en est la seule responsable. Alma est une femme infiniment mélancolique, elle discute avec le tigre, le chat roux là-bas sur la terrasse, et surtout Chicago May, l’héroïne du roman qu’elle est en train de lire. Alma ne sait pas trop comment elle a pu en arriver là, dans sa vie, à cet état de vulnérabilité si intense. Ce qu’elle sait c’est que les médecins se trompent, Billie n’a pas une tumeur aux poumons, mais bien un véritable chardon. La poésie, les plantes, le voyage et l’éloignementvpourront peut-être guérir sa fille.
Le bijou de la rentrée, entre roman, conte et poésie, que je vous conseille pour son originalité, sa plume enchantée. Voici un roman qui n’imite personne, dont la musique est neuve et qui j’espère vous plaira autant que moi.
Extrait choisi
Alors qu’Alma s’étend sur le lit, elle ne voit pas la biche s’approcher de la fenêtre. Immobile, son pelage crème fume légèrement dans l’obscurité. Son odeur poisseuse de sang, de musc et d’herbes embaume la nuit. Écrasant de ses sabots hésitants un bouquet de chardons, la biche contemple la scène de ses grands yeux doux. Alma dort enfin, dans la chambre de pénombre et de braise.
Cela me fait penser à Chloé, dans l’Ecume des jours, avec son nénuphar dans les poumons…
J’adore les contes, je me laisserai bien tenter
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Le sujet est pourtant lourd.
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Celui-ci, c’est sûr, je me l’offre dans peu de temps – il me fait trop envie !
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Quelle belle image un chardon à l’intérieur de soi. Ca me fait penser au nénuphar dans le poumon cher à Boris Vian. Je suis tentée par ce livre en tout cas.
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